La Fondation « Zanmi Timoun » tire la sonnette d’alarme face à la situation dramatique des ressortissants haïtiens déportés de la République Dominicaine dans des conditions qu’elle qualifie d’inhumaines. Dans une note rendue publique, l’organisation, spécialisée dans la défense des droits des enfants vulnérables, dénonce des expulsions brutales impliquant des femmes enceintes, des mères allaitantes et de jeunes enfants.
Selon la fondation, ces opérations de refoulement se multiplient depuis plusieurs mois, souvent sans respect des droits fondamentaux des personnes concernées, en violation des engagements internationaux, notamment la Convention américaine des droits de l’homme. Parmi les abus rapportés figurent des arrestations arbitraires, des séparations familiales douloureuses et des traitements dégradants aux postes frontaliers.
Zanmi Timoun appelle le gouvernement haïtien à assumer ses responsabilités diplomatiques et à défendre plus fermement ses citoyens à l’étranger. L’organisation exhorte également les pays de la région à faire preuve de solidarité face à une crise migratoire qui ne cesse de s’aggraver, réclamant une mobilisation internationale axée sur le respect des droits humains et la dignité, en particulier celle des enfants.
Les inquiétudes de la fondation rejoignent celles du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) qui, dans son dernier rapport, recense plus de 158 mineurs non accompagnés renvoyés récemment en Haïti. Une réalité préoccupante qui témoigne d’un environnement de plus en plus hostile envers les migrants haïtiens en République Dominicaine. Le paradoxe est saisissant : bien que la population dominicaine soit en grande partie afrodescendante, la peau foncée est souvent synonyme d’ »illégalité », alimentant des politiques discriminatoires.
Par le passé déjà, les autorités dominicaines avaient été critiquées pour avoir arbitrairement retiré la nationalité à des personnes d’origine haïtienne nées sur leur sol. Aujourd’hui, les réseaux sociaux regorgent de vidéos choquantes montrant des scènes de brutalité exercées par des agents de l’immigration dominicaine, provoquant un tollé au sein de la communauté internationale.
Face à cette montée des tensions, le GARR appelle les autorités haïtiennes et dominicaines à engager un dialogue constructif en vue d’une solution humaine et durable. L’organisation met en garde contre le risque de voir grandir une génération d’enfants apatrides, arrachés à leur environnement et privés d’identité légale.
En réaction, le Conseil présidentiel de transition (CPT) haïtien a exprimé sa vive indignation face aux traitements infligés aux citoyens haïtiens. Dans une déclaration ferme, il a condamné toute forme de discrimination et réaffirmé son engagement à défendre la dignité et les droits des Haïtiens, quel que soit le pays où ils se trouvent.