Face à la montée des violences et à la dérive autoritaire de l’appareil judiciaire, une voix s’élève. John Peter Stinvil, figure emblématique de la société civile, tire la sonnette d’alarme dans une lettre ouverte poignante. Cette prise de parole intervient après un drame survenu à La Savanne, dans le sud du pays, où le commissaire du gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscardin est accusé d’avoir exécuté un présumé braqueur sans procès. L’affaire relance le débat sur les exécutions extrajudiciaires et le recul des droits fondamentaux.
Lettre publique
Je prends aujourd’hui ma plume avec le cœur lourd et la conscience inquiète. Je suis bien conscient des risques liés à cette prise de parole sur un sujet aussi sensible. Mais face au dégringolage de notre société, se taire serait une autre forme de complicité.
Nous vivons une époque où la violence est devenue presque banale. Pourtant, ce qui est encore plus inquiétant, c’est quand la violence vient de ceux qui devraient nous protéger.
Le cas du commissaire Jean Ernest Muscadin, représentant de l’État, est alarmant. Dans une posture de show off, il semble agir au-dessus des lois, se comportant comme un chef de gang sous uniforme officiel. Des exécutions sommaires en pleine rue, des cadavres abandonnés aux yeux d’enfants qui sortent de l’école ces scènes deviennent courantes. Le traumatisme collectif s’enracine.
Oui, nous faisons face à une situation de crise, et la lutte contre le banditisme est un devoir. Mais qui décide aujourd’hui qu’un individu est un bandit ? Où est passée la justice ? Le droit à un procès ? L’enquête ? La vérité ?
La tragédie de Savane des Cayes en est une illustration glaçante : un jeune homme exécuté sous le simple prétexte d’être « bandit », alors qu’il ne s’agissait que d’un conflit personnel autour d’une fille.
Est-ce donc cela, l’État de droit que nous défendons ? Une justice sans procès, une vengeance sous l’uniforme ? Il est temps d’ouvrir un vrai débat. Il est temps de dire que le silence n’est plus une option.
John Peter Stinvil