« Toutotan Leta
Nan tetelang souselang
Ak eskaladè san manman,
San pèp ap toujou sèvi angrè
Pou pwele plant mannigèt politik. »
Au moment où le temps semble s’être arrêté à minuit pile dans la conscience d’une frange considérable de nos élites qui, au lieu de se positionner en véritables vecteurs de valeur, de vertu et de lumière, préfèrent se comporter en gisements de cupidité, de trivialité et de toutes sortes d’obscénités paraît une étoile. Oui, un soleil : MANNIGÈT !
MANNIGÈT, ce bébé adulte dont le concepteur s’est engagé dès la fleur de l’âge dans cette interminable guerre contre l’obscurantisme politique, social, culturel, intellectuel… guerre perçue comme perdue d’avance par les « Cons-damnés » vient mélanger les couleurs sur la toile poétique de la littérature universelle, en alignant sur le front le général KREYÒL et ses troupes, en tant qu’instruments révolutionnaires pour nettoyer la voie donnant accès à la pyramide du haut de laquelle on peut contempler le panorama de la beauté de l’art poétique.
Ce nouveau tableau de la « Literati Kreyòl » constitue un triple travail de résurrection, de création et de valorisation au sein du Kreyòl Ayisyen. On y retrouve une panoplie de mots et d’expressions presque inusités ou en voie de disparition dans la langue. Il est également garni de termes néologiques, fruits de l’inspiration de l’écrivain. Des mots souvent utilisés maladroitement au quotidien y sont enfin repris à leur juste valeur. Par le biais de cet ouvrage titanesque, la beauté et la valeur expressive de la langue ancestrale sont mises en exergue.
« Mannigèt vle di Maskay, li vle di Zanana pou Sizàn », a déclaré l’auteur lors d’une entrevue. C’est cette lumière que projette cet enfant de la promesse à travers des vers tous à la fois doux, mielleux, piquants, sulfureux… entraînant les lecteurs et lectrices dans l’univers des Homère, Castra, Frankétienne, Koralen… En entonnant, sans langue de bois, des titres tels que : San Manman, Yon Katedral Fanm Ti-Gwav, Asid Relijyon, Radiyès, Gede, Zanfan lakay sou tè panyòl, Imòtèl Dyesalin (pour ne citer que ceux-là), MANNIGÈT devient une condition nécessaire à la perception et à la compréhension du réel politique, géopolitique, culturel, cultuel, social, sociologique, anthropologique, intellectuel… d’Haïti.
Dyesalin ou ki fè zetwal libète briye
Pase maklouklou solèy midi
Nan kat kwen latè
Jouk melina engra bèf
Rive bwè bouyon liberasyon…
À l’instar de nos ancêtres, grâce à la magie des lettres, ce « Gangan » de la littérature haïtienne, répondant au non-vayan ou nom de plume : Jahman, en traçant un vèvè sur le tombeau des arts et des sciences, pose sa pierre dans la construction de la Citadelle triomphale de la résurrection des vertus et de l’emprisonnement de l’obscurantisme.
De son vrai nom Kenson Lochard, Jahman est chanteur, compositeur, bibliothécaire, publiciste, communicateur, enseignant de littérature et de langue vivante, poète, artiste engagé. Il est né en Haïti peu après la dictature des Duvalier, le 29 mai 1986 à Petit-Goâve. Dans sa relation passionnée avec l’écriture, il vient d’engendrer MANNIGÈT à une époque où seuls les fous et les génies gagnent les grandes guerres notamment celles visant à redémarrer l’horloge des temps stériles dans la mémoire de nos élites inconscientes et à nuancer, du coup, le contraste de l’esthétique paysage de la Pwezi Kreyòl Ayisyen.
MANNIGÈT, actuellement en couveuse chez les éditions Couleur d’Encre, sera présenté au temple ce samedi 5 juillet, à partir de 2 heures PM, à la salle de conférence de l’EFA-CAP (anciennement école Sacré-Cœur, lekòl kay frè), sise à l’angle des rues Bijou et Saint-Paul, à Petit-Goâve, Haïti, là même où l’écrivain Kenson Lochard (Jahman) fit ses études primaires aux côtés d’autres FIERTÉS SOULOUQUOISES, pour être baptisé par les Saints-Esprits qui, sûrement, lui diront en chœur :
« Tu viens, tu verras et tu survivras ! Bienvenue à toi MANNIGÈT ! Brille ! »
Gérard Vernet CASSÉUS
