La Fondasyon Je Klere (FJKL) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à des dérives graves au sein du système judiciaire haïtien. Dans un rapport publié ce lundi 2 juin 2025, l’organisation de défense des droits humains condamne fermement l’agression physique subie par l’huissière Marie Erlande D. Paul le 29 mai dernier.
Affectée au greffe du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Marie Erlande D. Paul se trouvait dans l’exercice de ses fonctions lorsqu’elle s’est rendue au siège de la société Terminal Varreux S.A., situé à Pétion-Ville. Elle y était chargée de remettre une notification légale à l’entrepreneur Grégory Mevs.
Mais sur place, l’huissière a été violemment agressée par Mario Lespérance, un agent de sécurité de l’entreprise. Selon les informations recueillies, ce dernier l’a rouée de coups sans aucune justification valable.
Alerté, le substitut du commissaire du gouvernement, Élysée Fénelon, s’est immédiatement transporté sur les lieux. Il a procédé à un procès-verbal de l’incident et a ordonné l’arrestation de l’agresseur présumé. Cependant, contre toute attente, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Frantz Monclair, est intervenu personnellement pour ordonner la libération de Mario Lespérance, sans suite judiciaire apparente.
La FJKL n’a pas tardé à réagir. Dans son rapport, l’organisation dénonce une interférence inacceptable dans le processus judiciaire et qualifie de « suspect » le comportement du chef du parquet. Elle évoque une possible manœuvre pour protéger des intérêts puissants : « Il y a anguille sous roche », peut-on lire dans le document.
Cette affaire soulève de nombreuses interrogations sur l’indépendance de la justice, la protection des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions, et les liens entre certains acteurs économiques et le pouvoir judiciaire.
La FJKL exige des explications claires et transparentes sur cette libération précipitée et appelle les autorités compétentes à garantir que justice soit rendue à Marie Erlande D. Paul, tout en sanctionnant les responsables de cette entrave au bon fonctionnement de la justice.
« Une agression contre un officier de justice est une agression contre tout le système judiciaire », conclut le rapport de l’organisation.