Malgré la crise de l’État de droit et un accès limité à la justice, une initiative porteuse d’espoir voit le jour à Petit-Goâve. Le Regroupement National des Jeunes Juristes (RENAJ) a été officiellement lancé le dimanche 11 mai à l’auditorium de la bibliothèque municipale de la ville, marquant l’émergence d’une nouvelle force citoyenne composée d’étudiants en droit et de jeunes professionnels engagés pour une Haïti plus juste et éclairée.
Cette structure est née de la volonté d’un groupe de jeunes juristes et aspirants juristes petit-goâviens d’unir leurs compétences au service de la communauté. Le RENAJ rassemble des étudiants issus de diverses institutions universitaires du pays, telles que l’EDSEC, la FDSE, l’UPSAC, l’UNIFA et l’UPNCH. Placée sous la coordination générale de Loojery Ralph Exantus mémorant en droit à l’EDSEC et professeur l’équipe fondatrice compte dix membres, parmi lesquels figurent Daniella Fremond, Eudes Leandres, Deborah Sanon, Milord Missoule, Mackendy Spinoza Cadet, Tristant Jean Brice, Verdie Lindor, Vasny Louis et Kerby Vilma. Tous partagent une même ambition : faire du droit un véritable levier de transformation sociale.
Au-delà de leur formation juridique, ces jeunes sont également poètes, journalistes, communicateurs et éducateurs. Une richesse humaine qui illustre l’approche pluridisciplinaire du RENAJ, déterminé à exploiter tous les moyens de communication disponibles pour vulgariser le droit, éduquer et éveiller les consciences citoyennes.
Mais le RENAJ ne compte pas se limiter à l’observation. Son objectif est clair : rendre le droit accessible à tous, en particulier aux plus démunis, à travers des consultations juridiques gratuites, des campagnes de sensibilisation, des plaidoiries publiques et des contenus éducatifs innovants. « Nous voulons encadrer les jeunes, les guider dans leurs études juridiques, mais aussi proposer des réformes pour moderniser notre système judiciaire », précise le coordonnateur Exantus, également professeur d’histoire et de sciences sociales à Petit-Goâve.

Le regroupement défend des valeurs fondamentales telles que l’innovation, la solidarité, la transparence, l’engagement social et l’inclusion. Il se positionne comme un acteur de changement, résolu à combler le fossé entre une justice institutionnelle souvent inopérante et une population en quête de repères.
Dans un pays où l’inégalité d’accès à la justice demeure un fléau, et où la méfiance envers les institutions judiciaires ne cesse de croître, une structure comme le RENAJ incarne un souffle nouveau. Elle montre que la jeunesse haïtienne ne baisse pas les bras : elle s’organise, propose et agit pour bâtir une justice plus humaine, plus proche, plus compréhensible.
Le RENAJ s’inscrit ainsi dans une dynamique de réappropriation citoyenne du droit, une démarche essentielle dans la construction d’un État moderne et démocratique. À travers ses activités, le regroupement contribue à former une génération consciente de ses droits et devoirs, prête à s’impliquer activement dans la vie sociale et politique du pays.
Le lancement du RENAJ à Petit-Goâve pourrait bien marquer un tournant générationnel dans le paysage juridique haïtien. Portée par l’audace et la passion de ses membres, cette initiative mérite d’être soutenue et reproduite ailleurs à travers le pays.
Car le droit, en tant que bien commun, n’est pas réservé à une élite : il appartient à tous. Et grâce au RENAJ, il est appelé à retrouver sa juste place au cœur de la société haïtienne, par la voix de ces jeunes dévoués.



