En ces heures sombres de l’histoire haïtienne, alors que la capitale se transforme en champ de ruines et que la vie de millions de citoyens est plongée dans la peur, le Conseil présidentiel de transition a posé un geste qui dépasse l’entendement. En adressant ses condoléances à l’Inde, après la mort de plus d’une vingtaine de personnes dans une attaque terroriste à Pahalgam, tout en ignorant ostensiblement la tragédie quotidienne qui se joue sur le sol haïtien, il a envoyé un message glaçant : la souffrance du peuple haïtien n’est pas une priorité.
Le contraste est insupportable. Ce mercredi 23 avril 2025, alors que des affrontements sanglants à Pacot emportaient des membres des forces de l’ordre, et que les flammes ravageaient des maisons à Kenscoff, le Conseil présidentiel choisissait de détourner les yeux. Pas un mot sur les policiers et soldats tombés. Rien sur les membres de brigades assassinés. Silence sur les familles en fuite, les enfants privés d’école, les hôpitaux fermés. Rien. Le mutisme, puis un communiqué — mais pas pour les Haïtiens. Pour l’Inde.
Dans un monde normal, ce geste pourrait être interprété comme un acte de diplomatie. Mais dans le contexte haïtien actuel, il résonne comme une gifle. Une insulte à un peuple à bout de souffle, trahi encore et encore par ceux qui devraient le défendre.
Ce n’est pas seulement une question de mauvais timing. C’est un révélateur. Le révélateur d’un pouvoir sourd, aveugle et déconnecté. Un pouvoir qui préfère le confort des gestes symboliques à l’inconfort de l’action. Un pouvoir qui s’indigne ailleurs pour mieux fuir ses responsabilités ici.
À l’heure où le pays sombre, Haïti n’a pas besoin de condoléances adressées à des nations lointaines. Elle a besoin de dirigeants présents, courageux, solidaires. Elle a besoin d’une parole qui nomme le mal, d’un regard qui voit la réalité en face, d’un cœur qui bat au rythme de son peuple.
Le Conseil présidentiel de transition a échoué à incarner cela. Et tant que cette attitude perdurera, tant que les priorités seront inversées, Haïti restera livrée à elle-même, dans un chaos que personne ne semble vouloir affronter.
Mais que le Conseil sache ceci : le peuple, lui, n’oubliera pas. Et l’histoire non plus.
