La situation actuelle en Haïti semble n’avoir d’autre nom que celui du chaos. Environ trois jours après l’attaque sauvage du groupe terroriste « Viv Ansanm » à Mirebalais, la population vit dans une terreur absolue. Des familles sont prises au piège, sans eau, sans nourriture, et dans l’impossibilité de fuir. Les plus audacieux tentant d’échapper à la menace des bandits sont systématiquement tués. L’horreur ne s’arrête pas là : des membres de la communauté religieuse, des civils innocents, tombent sous les balles des criminels. Ces exécutions sommaires, ces meurtres sans pitié, font de Mirebalais un véritable enfer. Pourtant, la réponse des autorités reste sourde et muette, et les habitants ne peuvent que se débattre dans un vide sécuritaire de plus en plus profond.
Les violences actuelles ne sont pas une exception, mais une continuité d’un processus d’effritement de l’autorité de l’État haïtien. Des villes entières tombent sous la coupe des gangs. À Saut d’Eau, les criminels contrôlent désormais 70% de la ville, et la route nationale n° 3, qui relie la capitale à des zones cruciales comme Mirebalais, est sous le contrôle total des malfrats. Il est devenu évident que l’État n’assure plus aucune forme de souveraineté sur son territoire. L’angoisse s’intensifie à mesure que les bandits étendent leur emprise.
Le plus accablant dans cette tragédie, c’est l’inaction flagrante des autorités haïtiennes. La Police Nationale d’Haïti (PNH), censée être la première ligne de défense contre cette menace, se trouve dans l’incapacité totale de rétablir l’ordre. Il est difficile d’ignorer que la PNH, déjà surmenée et mal équipée, n’a ni les moyens, ni la volonté de contrer cette violence croissante. De plus, l’attaque récente d’un hélicoptère transportant des policiers renforts à Saut d’Eau, touché par six projectiles, montre à quel point la situation est hors de contrôle. Si l’État ne peut même pas protéger ses propres fonctionnaires, quelle chance pour la population ?
La capitale, Port-au-Prince, est déjà tombée sous le joug des gangs. Aujourd’hui, les provinces ne sont pas épargnées. Ce qui semblait être une menace localisée est désormais un fléau qui touche l’ensemble du pays. Les gangs ont pris le contrôle de vastes pans du territoire haïtien, y imposant leur loi, leur violence et leur angoisse. Le gouvernement semble plus préoccupé par sa survie politique que par celle du pays. Alors que les gens appellent à l’aide, que les réseaux sociaux sont inondés de messages désespérés, l’État est absent, comme figé dans une impuissance totale.
Le pire dans cette situation, c’est la sensation de vide qu’il en ressort. Le gouvernement semble avoir renoncé à la lutte contre l’injustice et l’impunité. Une politique de sécurité publique inexistante, une autorité centrale inefficace, un dialogue avec les citoyens absent : voilà le visage de l’État haïtien aujourd’hui. L’absence de réponse proportionnelle aux bandits, la procrastination face à des faits aussi graves, constituent un aveu d’impuissance. Le peuple haïtien, en quête désespérée de sécurité et de stabilité, se voit abandonné à son sort.
Si le gouvernement ne réagit pas immédiatement pour rétablir l’ordre et éradiquer cette menace croissante des gangs, l’avenir d’Haïti semble de plus en plus incertain. La question qui se pose désormais est de savoir quel avenir attend le pays, alors que le pouvoir semble se dissoudre dans l’indifférence et l’incapacité à agir. La communauté internationale, si elle veut éviter une catastrophe humanitaire et sécuritaire sans précédent, devra sans doute revoir son approche en Haïti et fournir une aide substantielle et immédiate. Mais au-delà de l’aide extérieure, c’est à l’État haïtien de se redresser, de reprendre en main la sécurité de ses citoyens, et de montrer qu’il reste capable d’exercer son autorité sur son territoire. Sinon, la nation haïtienne se condamne à un destin funeste, à l’image de ses rues, désormais envahies par la mort et la désolation.