Alors que le pays s’enlise dans une crise sécuritaire sans précédent, la Police nationale d’Haïti continue de brandir le manque de moyens comme principal obstacle à l’efficacité de ses opérations. Sous la direction de Rameau Normil, cette rhétorique s’est installée comme une justification récurrente face à l’impuissance de l’institution à contenir les groupes armés qui sèment la terreur à travers le territoire. Mais cette excuse tient-elle encore, à la lumière des faits récents ?
Un document officiel du ministère de l’Économie et des Finances révèle qu’entre janvier et avril 2025, l’État haïtien a débloqué pas moins de 2,56 millions de dollars au bénéfice de la Police nationale. Cette enveloppe était destinée spécifiquement à financer des opérations dans des zones particulièrement sensibles comme l’Artibonite, Kenscoff et Mirebalais, des régions aujourd’hui encore sous l’emprise de gangs lourdement armés. Si les ressources ont été octroyées, pourquoi alors les résultats tardent-ils à se faire sentir ?
Ce paradoxe soulève une question incontournable : sommes-nous face à un problème de moyens ou d’incapacité ? L’argent, bien que crucial, ne garantit pas à lui seul l’efficacité d’une institution. Il faut une vision claire, une stratégie cohérente, une volonté ferme et, surtout, une gestion transparente des fonds alloués. Dans le cas contraire, toute dépense devient un gouffre sans fond, sans impact réel sur la sécurité publique.
Le directeur général de la Police nationale, Rameau Normil doit désormais rendre des comptes. Il ne suffit plus d’évoquer le manque de moyens pour justifier l’inaction. La population attend des résultats concrets. Une enquête indépendante sur l’utilisation des fonds alloués s’impose, tout comme une évaluation sérieuse des opérations effectuées. Les citoyens ont le droit de savoir si leurs contributions servent réellement à renforcer la sécurité du pays ou si elles disparaissent dans les rouages d’un système inefficace.
Dans un contexte où la confiance envers les institutions est au plus bas, la transparence devient une obligation morale et politique. Car si les armes des gangs font peur, l’opacité des autorités les rend encore plus puissants.
Il est temps d’arrêter de fuir les responsabilités.