Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies lance un cri d’alarme : d’ici juin 2025, plus de 5,7 millions de personnes en Haïti – soit plus de la moitié de la population – risquent de tomber dans une insécurité alimentaire aiguë. Un constat également confirmé par la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), dont le dernier rapport souligne une détérioration alarmante de la situation. En août 2024, ce chiffre s’élevait à 49 % ; il atteint désormais 51 %.
Cette aggravation résulte d’un enchaînement de crises : la recrudescence de la violence armée, les déplacements massifs de population, une économie en chute libre et une production agricole fortement perturbée. Face à cette urgence, le PAM renforce son intervention et a déjà apporté une aide à plus de 1,3 million de personnes. « La paix est aujourd’hui le besoin le plus urgent du pays », a souligné l’organisation.
L’analyse la plus récente du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), présentée en présence de représentants de la FAO, du PAM et du ministère de l’Agriculture, révèle des niveaux de crise sans précédent dans l’histoire du pays. Parmi les cas les plus critiques, 8400 personnes déplacées vivant dans des camps sont classées en phase 5 de l’IPC – un stade correspondant à une famine extrême. Par ailleurs, 2,1 millions de personnes se trouvent en phase 4 (urgence) et 3,6 millions en phase 3 (crise).
Au total, seize zones du pays sont désormais classées en situation d’urgence, soit une de plus que lors de la précédente évaluation. Les zones les plus touchées incluent notamment la capitale Port-au-Prince, Delmas, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, l’île de La Gonâve, ainsi que plusieurs communes du Sud-Est, du Nord-Ouest, des Nippes, de la Grand’Anse et du Haut-Artibonite.
La CNSA pointe plusieurs facteurs aggravants : la violence des gangs armés, les chocs économiques à répétition et les conditions climatiques défavorables. Ces éléments freinent l’accès aux denrées alimentaires, entravent les marchés et perturbent la production agricole locale.
Face à cette crise d’ampleur, la CNSA appelle à une mobilisation rapide et coordonnée. Elle préconise une assistance humanitaire ciblée – alimentaire et financière – en faveur des foyers les plus vulnérables, le soutien à des activités génératrices de revenus, notamment pour les femmes, ainsi qu’un renforcement de l’agriculture nationale. Mais surtout, elle insiste sur l’urgence de restaurer la sécurité dans les zones les plus affectées, condition essentielle à toute reprise durable. Elle en appelle aux autorités pour intensifier les opérations contre les groupes armés qui paralysent les activités vitales du pays.