Alors que le peuple haïtien vit l’une des périodes les plus sombres de son histoire, en proie à l’insécurité, à l’effondrement des institutions, à la misère et à la violence des gangs armés, les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) vivent dans le luxe. Un rapport accablant du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) vient de révéler les montants astronomiques que perçoivent les neuf conseillers présidentiels.
Le coût mensuel de cette structure pour l’État haïtien s’élève à 93,5 millions de gourdes. Une somme vertigineuse, surtout lorsqu’on la met en contraste avec l’état de délabrement des services publics et la souffrance d’un peuple abandonné.
Le détail des rémunérations fait froid dans le dos. Selon le RNDDH :
Salaire de base : 225 000 gourdes
Frais de fonctionnement : 75 000 gourdes
Frais de deuxième résidence : 400 000 gourdes
Carte de téléphone : 500 000 gourdes
Frais d’intelligence : 4 500 000 gourdes
Frais de carburant : 300 000 gourdes
Carte de débit : 2 500 000 gourdes
Frais pour le ou la conjoint(e) : 500 000 gourdes
Frais pour remplir le réfrigérateur : 75 000 gourdes
Frais de nourriture : 925 000 gourdes
À cela s’ajoutent des primes exceptionnelles : pour les fêtes pascales, chaque conseiller a reçu entre 3 et 5 millions de gourdes.
Ces chiffres détonnent dans un contexte où l’État est pratiquement absent, les hôpitaux sont à l’agonie, les écoles fermées ou sous la menace des gangs, et les citoyens livrés à eux-mêmes.
Depuis son installation il y a un an, le Conseil présidentiel de Transition a démontré son incapacité à rétablir l’ordre, à organiser des élections ou à proposer une vision claire pour sortir le pays de la crise. Pourtant, ses membres continuent de se servir grassement, sans rendre de comptes.
Ce rapport du RNDDH est un véritable coup de tonnerre, mais il confirme ce que beaucoup redoutaient : la transition n’est qu’un autre nom pour la perpétuation du pillage de l’État.
Ce rapport renforce le climat de défiance à l’égard du CPT, perçu par une grande partie de la population comme une structure inefficace et déconnectée des réalités du peuple haïtien.