Le climat politique en Haïti s’envenime davantage alors qu’Esaië Beauchard, coordonnateur général du Regroupement des Organisations Sociales pour le Progrès (ROSPO) et ancien maire de Cité Soleil, a déposé ce lundi une plainte formelle contre le Conseil présidentiel de transition (CPT) au parquet de Port-au-Prince. Accusant l’instance dirigeante de corruption, de complicité avec les groupes armés et de violations répétées des droits fondamentaux, M. Beauchard exige la « sécurité ou la démission » immédiate du Conseil.
Accompagné de l’avocat militant Me Arnel Rémy, Esaië Beauchard a déclaré à la presse que « le peuple haïtien ne peut plus vivre sous le règne de l’impunité et du silence complice ». Il a affirmé détenir des éléments graves démontrant une collusion entre certains membres du CPT et des groupes armés semant la terreur dans plusieurs quartiers de la capitale.
Dans un discours enflammé devant le parquet, le leader du ROSPO a également appelé les victimes de la violence armée ainsi que les milliers de déplacés internes à « se soulever pour faire tomber le CPT ». Il accuse le Conseil Présidentiel de non-assistance à peuple en danger et d’avoir échoué dans sa mission de rétablir la sécurité nationale.
Cette démarche intervient dans un contexte d’escalade de la violence, avec des affrontements quotidiens entre groupes armés rivaux et une population civile prise au piège. De nombreux quartiers, dont Cité Soleil, Martissant, Carrefour et Bel-Air, sont aujourd’hui pratiquement coupés du reste du pays.
Le Conseil Présidentiel, mis en place dans un contexte de transition fragile après la démission du Premier ministre intérimaire, n’a pas encore réagi officiellement à cette plainte. Toutefois, des sources proches du Palais national indiquent que les accusations sont jugées « infondées et politiquement motivées ».
L’acte posé par Esaië Beauchard marque une escalade dans la confrontation entre la société civile organisée et les autorités de transition. Si la plainte aboutit à une enquête judiciaire sérieuse, elle pourrait mettre à mal la légitimité du CPT et ouvrir une nouvelle phase d’instabilité politique dans un pays déjà au bord du chaos.
L’avenir dira si cet appel au soulèvement populaire trouvera écho ou si le Conseil Présidentiel parviendra à résister à cette pression grandissante. Une chose est certaine : la population haïtienne attend toujours des réponses concrètes face à une insécurité qui ne cesse de déchirer la nation.