Censiny se révèle en mode engagé

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Depuis sa remarquable participation au concours Digicel Stars, Censiny Blanchet ne chôme plus. IL a produit plusieurs chansons et vidéo-clips, il a fait beaucoup de collaboration et possède son propre studio d’enregistrement. Des chansons comme : Yon fanm, j’ai trouvé, pitye, ou chanje et autres, sont des productions musicales de grandes factures qui expriment et reconfirment le talent indiscutable de l’artiste. Subissant comme tout haïtien les crises successives dans lesquelles s’empêtre le pays, Censiny propose ‘’Fòk nou pale.’’

Fraichement sortie, ‘’Fòk nou pale’’ est la toute dernière livraison musicale du chanteur. Une musique vidéo-clipée, qui reçoit déjà beaucoup de témoignages positifs sur les réseaux sociaux. NAM-HAITI lui a rencontré pour une entrevue exclusive. Nous vous proposons de redécouvrir ce talentueux musicien.

NAM: Si on veut savoir qui est Censiny, qu’est-ce que tu diras ?
CEN : Je dirais que, je suis Censiny Blanchet. Je suis né aux Gonaïves, un 10 Avril. Je ne me souviens pas de l’année [rire]. Je suis né dans une famille de sept enfants : 4 frères et 3 soeurs. Je suis un croyant, mais pas un religieux. Je crois tout simplement au Dieu créateur. J’ai fait des études en communication et en marketing. Je suis un beat maker, j’ai mon propre studio. Je travaille avec beaucoup de jeunes artistes. Hm… en gros c’est ça.

NAM : Comment es-tu arrivé dans la musique ? Tu as débuté à quel âge ?
CEN : Je ne sais pas ce qui m’a poussé vers la musique. Je peux dire que je suis né avec la musique dans le sang. Mais si je ne m’abuse, ma première chanson, je l’ai composée à l’âge de 14 ans. Bien que je chante depuis mon enfance, mais je peux dire qu’à partir de 14 ans, j’ai pris conscience de mon talent. En ce qui concerne ma carrière entant qu’artiste, c’est en 2013 au concours Digicel stars.

NAM : Qu’est ce qui t’a motivé à participer au concours de la Digicel ?
CEN : Je dirais d’abord : mon talent. En suite pour la visibilité médiatique que ce concours offre. Mais il faut surtout que je mentionne aussi que je voulais prouver ma capacité artistique aux gens qui me jugent sur mon apparence extérieure, du fait que je sois un albinos. Je voulais vivement leur montrer que j’ai du talent.

NAM : Comment as-tu vécu cette expérience, qu’est ce qui t’a marqué durant ce concours ?
CEN : C’était une très belle expérience, pour ne pas dire que c’était ma plus belle expérience sur le plan musicale. Le concours m’a permis de voir comme les gens m’apprécient, et il m’a permis de me valoriser et de m’estimer, puisque j’ai toujours été stigmatisé. Mais en participant au concours, j’ai découvert le nombre de personnes qui m’apprécient. Un grand coup de projecteur qui en découlait. C’était vraiment une grande expérience.

NAM : Est-ce que ta famille était d’avis que tu deviennes musicien ?

CEN : Oui et non. On ne m’a vraiment jamais imposé de ne pas faire de la musique. Mais mes parents me disaient toujours que je ne pourrai pas vivre de la musique. Ils me disaient que ça ne rapporte pas économiquement. Autre chose vous savez qu’en Haïti dès qu’on parle de musicien ‘’yo di se vagabon’’ [rire]. Mais ils ne m’en ont pas empêché.

NAM : Après ta participation au Digicel Stars, on a eu l’impression que tu avais fait une pause. C’est vrai ?
CEN : Non. Après le concours je n’ai jamais chômé, j’étais toujours au travail. Mais vous le savez, en ‘’Ayiti bagay yo se kolòn yo ye’’. Je n’ai jamais cessé de produire, j’ai réalisé de très beaux vidéo-clips. Ce sont des productions disponibles sur ma chaine Youtube. J’ai aussi participé sur l’album de Jean Jean pour ses 10 ans. Je dirais que les médias haïtiens des fois ont choisi de propulser un artiste et non un autre. Mais je vous le garantie, je sens fermement que mon heure est arrivée.

NAM : Quels sont les artistes qui t’ont influencé dans la musique ?
CEN : J’ai deux artistes qui m’ont influencé dans la musique haïtienne. Le premier c’est Emmanuel Rossini Jean Baptiste dit Timanno et l’autre c’est Rosiny Deronette. David, cette musique de Timanno est un hymne pour moi. Mon appréciation pour les frères Deronette vient du fait que chez moi mes parents ne voulaient pas qu’on écoute des chansons païennes. Voilà comment Rociny Derotte devenait mon idole. Et je dois aussi avouer que c’est de là que je tire mon nom d’artiste : Censiny. Il faut dire qu’à la base mon vrai nom c’est Louius Blanchet.

NAM : Tu fais partie des rares artistes haïtiens à être albinos, est-ce que ça ne te sert pas de handicap ? Est-ce tu n’es pas stigmatisé en ce sens ?
CEN : Oui. Ça a toujours été un handicap pour moi. Souvent les gens me voient différemment, ils ont tendance à me juger physiquement et ne font pas cas de mon talent. Mais je m’en fous, je mène ma vie, je vis ma vie et je me focalise sur les gens qui m’aiment. Je me rappelle, même au concours Dicicel Stars, certains me disaient qu’on ne voterait pas pour moi à cause de ça. Mais cela ne m’a pas empêché d’arriver en final et sorti vice-champion.

NAM : Quel est l’importance de la musique dans ta vie ?
CEN : Musique pour moi c’est la vie elle-même. C’est la meilleure façon d’exprimer toutes mes émotions. Je dirais que la musique c’est ma respiration, c’est la palpitation même de mon coeur. Elle est ma première femme, ma première fille et mon premier garçon. En résumé, la musique c’est ma vie.

NAM : Tu as un projet fraichement sorti. Parles-nous en.
CEN : Il a pour titre ‘’Fòk nou pale.’’ C’est un projet que j’ai pris le temps qu’il faut pour l’accoucher. L’inspiration m’est venue des différents problèmes auxquels la société haïtienne fait face. Nous avons une société divisée, on n’a personne pouvant nous unir. Chacun gère ses petits intérêts mesquins. Je me suis dit pourquoi on manifeste sans arrêt ? On enflamme des pneus ? Pour un rien on empêche aux écoles de fonctionner. Et ceci de nos jours c’est la grande mode : ‘’yon machin pase sou yon zandolit, ayisyen an di w konsa, pa gen lekòl.’’ C’est triste et frustrant ces genres de comportement. De là je me suis dit, je vais réaliser une chanson pour inviter mes frères et soeurs haïtiens à s’assoir ensemble pour un vrai dialogue. Pas comme les formes de dialogues que nous avons l’habitude de faire, mais un vrai. Je crois que le moment est opportun pour que nous fassions ce vrai ‘’chita pale. Si nou pa fè sa, nou tout ap peri ansanm.’’ C’est ce que j’exprime à travers cette musique.

NAM : Pourquoi une musique engagée ? Peut-on croire que Censiny restera dans ce registre ?
CEN : Je vais sincèrement vous répondre. Je suis un patriote. J’aime mon pays. La meilleure des façons que je peux m’exprimer, c’est à travers ma plume et mon micro. Je ne suis pas un artiste engagé. En ce moment le pays va mal, je chante ce qui me déchire le coeur. Mais je ne vais pas dire que je resterai un artiste essentiellement engagé. Je chante les femmes, je chante Dieu, je chante la vie. En gros je chante tout.

NAM : Quel ‘’feedback’’ jusque-là ?
CEN : Très positif ! Beaucoup de grands artistes de la musique haïtienne partagent et manifestent leur appréciation. J’en profite pour saluer et remercier un grand comme Okyjems, qui a publiquement félicité le travail. Certaines personnes me disaient pour percer je devrais faire du ‘’chawa pete’’. Moi, je réalise que la jeunesse haïtienne est assoiffée de beaux textes. Je fais cette remarque à travers mon dernier projet.

NAM : Quels sont les projets d’avenir de Censiny ?
CEN : En ce moment, je suis en train de travailler sur 2 autres projets. J’ai non seulement des projets musicaux, mais aussi j’en ai avec ma fondation. Je vous signale en passant que j’ai une fondation qui travaille avec les albinos, dénommé : Fondation Censiny pour le Bien être des Albinos, FONCEBA. C’est une façon pour vous dire que j’ai des projets musicaux et sociaux.

NAM : Est-ce qu’on peut dire que Censiny vit de la musique ?
CEN : Je vis en partie de la musique. J’ai d’autres activités parelles me permettant aussi de gagner ma vie. Grâce à mon studio je peux admettre que je vis à 60% de la musique.

NAM : Est-ce qu’il y un ou des artistes que tu affectionnes de façon générale ?
CEN : Oui. Je viens de vous le dire : Timanno, Rosiny Deronette. Il y aussi un artiste haïtien que j’aime beaucoup, c’est en m’inspirant de lui que j’ai appris à jouer à la guitare, c’est Jean Jean Roosevelt. A l’international c’est Marc Antony.

NAM : Côté coeur où se situe Censiny. Marié, célibataire ou fiancé ? [Rire]
CEN : Je n’aime pas vraiment en parler dans les entrevues [rire], mais je suis marié.

NAM : S’il y un message fort que tu aimerais dire aux jeunes qui te lisent, ce serait quoi ?
CEN : Je leur dirais, de ne pas baisser les bras en dépit des situations difficiles. Je leur conseillerais aussi de ne jamais déposer leurs livres. Bien que la société donne l’impression qu’elle n’apprécie pas les valeurs, n’abandonne pas l’école. ‘’kwè nan tèt nou, travay di, paske se lekòl ki kle siksè ya.’’

NAM : Un mot spécial pour Haïti.
CEN : Je veux dire à ma terre chérie, ma mère bien-aimée : ‘’se pa oumenm ki pa bon, men pito se pitit ou yo ki toujou ap fè w monte lesyèl pa do. Tray w ap pase yo, ou pa merite yo. A chak fwa ou fin envesti nan pitit ou yo, yo bliye w epi you toujou ap ancheri lòt manman. Mwen vle w ke ou gen anpil pitit ki renmen w tou. Yon jou l ap jou pou ou. E jou sa pa lwen rive.’’

NAM : Comment les fans peuvent-ils trouver et supporter Censiny ?
CEN : Mes productions sont disponibles sur ma chaine Youtube : Censiny Blanchet, IG : @censinymusic, sur Facebook : censiny. Mon numéro de contact peut être repéré sur ma page Facebook. Sur twitter c’est : @censinymusic.

NAM : Merci Censiny et bon succès.
CEN : Merci.

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