Ce vendredi 25 avril 2025 marque une triste échéance : un an depuis l’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT), cet organe à neuf têtes qui s’était donné pour mission de sortir Haïti du chaos. Un an plus tard, l’espoir suscité s’est transformé en désillusion profonde. La promesse de rétablir la sécurité et d’organiser des élections s’est heurtée à une réalité brutale : celle d’un pays davantage livré à lui-même, sous l’emprise croissante d’une violence armée déchaînée.
La coalition criminelle « Viv Ansanm » étend chaque jour un peu plus son territoire, semant la terreur, brûlant des quartiers entiers, violant, assassinant, pillant, le tout à la vue et au su de l’État. Ce dernier, paralysé, observe sans broncher. Pire encore, il semble se compromettre dans une gestion où corruption et silence complice sont devenus la norme.
Le scandale autour de la Banque Nationale de Crédit (BNC) en est un exemple flagrant. Des membres du CPT sont aujourd’hui soupçonnés d’y être impliqués, alors même qu’ils perçoivent des émoluments mensuels indécents avoisinant les 63 000 dollars américains, pendant que la majorité des Haïtiens luttent pour survivre. Comment exiger de la population qu’elle ait confiance en des dirigeants dont les actes ne font que renforcer le cynisme collectif ?
Les élections annoncées pour 2025, elles, semblent déjà enterrées. Le référendum prévu en mai est reporté, sans surprise. La vérité, c’est que rien n’est prêt, et que rien ne le sera tant que les conditions sécuritaires, logistiques et politiques ne sont pas réunies. Or, celles-ci semblent aujourd’hui hors d’atteinte.
Face à cet échec cuisant, un nouveau gouvernement de transition se profile à l’horizon. Une fois de plus. Ce perpétuel recommencement traduit l’incapacité chronique de la classe politique à accoucher d’une solution durable, légitime et souveraine. Haïti n’a pas besoin d’une autre transition ; elle a besoin d’une transformation radicale du système, portée par des femmes et des hommes de principes, non de privilèges.
Le 25 avril 2025 n’est donc pas un anniversaire à célébrer. C’est un constat d’échec, une alarme qui sonne dans le vide. Un an après, la transition promise s’est muée en trahison. Et le peuple haïtien, toujours debout malgré tout, attend bien plus que des discours : il exige des comptes.