Face à l’insécurité croissante et à l’incapacité des forces de sécurité nationale à rétablir l’ordre, le débat sur les solutions alternatives s’intensifie. Dans cet article, l’enseignant Roosevelt Noblet analyse les enjeux liés à la levée en masse et à la création de groupes paramilitaires comme réponse à cette crise. Il confronte les arguments en faveur de cette mobilisation citoyenne à ceux qui plaident pour un renforcement des institutions étatiques. Quels sont les risques et les opportunités d’une telle démarche ? Jusqu’où l’État peut-il s’appuyer sur la population pour assurer sa propre sécurité ? Ce texte propose une réflexion approfondie sur ces questions cruciales.
La levée en masse comme réponse à l’insécurité : une solution efficace ou un risque pour l’État ?
Dans un contexte d’insécurité grandissante, les débats autour des stratégies de sécurisation du territoire se multiplient. Certains experts, comme le professeur Bleck Desroses, plaident en faveur de la levée en masse. D’autres, en revanche, mettent en garde contre les dangers potentiels de cette approche et appellent à un renforcement des institutions régaliennes. Cet article se propose d’analyser ces deux perspectives et d’évaluer les conséquences possibles de telles mesures sur la stabilité de l’État.
La levée en masse : un rempart contre l’insécurité ?
L’histoire montre que, lors de crises extrêmes, la mobilisation populaire peut jouer un rôle crucial dans la défense d’un territoire. En impliquant directement les citoyens, l’État peut renforcer la résilience nationale et permettre aux communautés de se protéger elles-mêmes. Cette mesure pourrait donc constituer une stratégie efficace pour rétablir l’ordre et assurer la souveraineté nationale face aux menaces. Un exemple récent de mobilisation populaire est le mouvement Bwa Kale, qui a démontré une capacité d’autodéfense spontanée et commencé à produire des résultats tangibles.
Les risques d’une militarisation civile
Cependant, la mise en place d’une levée en masse ou de groupes paramilitaires n’est pas sans risques. L’armement de civils, s’il n’est pas rigoureusement encadré, peut entraîner des dérives incontrôlables et aggraver l’instabilité plutôt que de la résoudre. L’histoire offre de nombreux exemples où la prolifération de groupes armés a conduit à une fragmentation du pouvoir et à une augmentation des violences internes. Plutôt que d’institutionnaliser des milices parallèles, la priorité devrait être donnée à la réforme et au renforcement des forces de sécurité existantes, accompagnés d’une stratégie globale de développement.
Vers une approche équilibrée
Si la levée en masse peut apparaître comme une solution immédiate face à l’insécurité, elle présente des risques majeurs pour la stabilité à long terme de l’État. Une approche équilibrée devrait combiner une mobilisation citoyenne strictement encadrée avec un renforcement des institutions afin de garantir une sécurité durable, efficace et démocratiquement légitime. Il convient alors de s’interroger : comment l’État peut-il encadrer cette mobilisation citoyenne sans risquer d’aggraver l’insécurité ou d’affaiblir ses propres institutions ?
Roosevelt Noblet
Enseignant de Philosophie, Lettres Modernes, Histoire et Géographie
Diplômé en Sciences de l’Éducation de l’Université Américaine des Sciences Modernes d’Haïti (UNASMOH)