Dans son dernier rapport publié le 28 février 2025, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a révélé que plus de 250 personnes ont perdu la vie lors de trois attaques menées par des gangs armés dans la capitale, Port-au-Prince. Ces massacres se sont produits à Wharf Jérémie, Kenscoff et Chatoblon. L’organisation a précisé que ces victimes ont été tuées lors des dernières violences perpétrées par des groupes criminels opérant dans ces zones.
Le rapport indique que le massacre à Chatoblon est survenu après l’assassinat d’Annil Jean-Philippe, un membre du gang Kraze Baryè, tué par la Police Nationale d’Haïti. La réaction violente de son fils, Stanley Jean-Philippe, a déclenché des représailles. Le chef du gang, Vitelhomme Innocent, aurait tué au moins 20 personnes et violé une fillette de 10 ans. Les gangs ont également incendié des maisons et des véhicules.
Concernant le massacre à Wharf Jérémie, le RNDDH a expliqué que cet acte de violence a été motivé par la mort du fils du chef de gang Mikanor Altes, Benson Altes. Cette tragédie a poussé Altes à massacrer environ 110 personnes, dont de nombreux adultes âgés de 60 à 80 ans. Le RNDDH a vivement dénoncé le silence des autorités face à cette atrocité survenue dans la commune de Cité Soleil.
À Kenscoff, l’organisation a accusé le gang de Village de Dieu, dirigé par Izo, d’être à l’origine de l’attaque. Selon le rapport, le gang a attaqué la commune dans le but d’étendre son territoire. Ils ont tué 139 personnes dans différentes zones de la commune. Le RNDDH a précisé que cette offensive aurait été orchestrée avec l’aide de Pierre Fils Orvil, un évadé de prison originaire de Kenscoff, qui a guidé une centaine de bandits sous les ordres d’un certain Didi, allié du gang de Village de Dieu dirigé par Johnson André, alias Izo 5 Segond.
Le rapport, qui s’appuie sur des données de la Direction de la Protection Civile, estime que 18 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons. Face à la violence, ces familles se sont réfugiées chez des proches, dans des zones plus sûres, ou dans des centres d’accueil improvisés. Actuellement, 326 familles, soit 1 329 personnes, se trouvent entassées dans quatre lieux transformés en refuges : l’École Nationale de Furcy, l’École Maternelle La Petite Enfance de Jean-Paul II, l’Église l’Arche de la Nouvelle Alliance de Kenscoff, et la Mairie de Kenscoff.
Le RNDDH rapporte que parmi les victimes, on compte 56 adultes, 7 enfants et 13 personnes handicapées tuées lors des attaques. À Kenscoff, la population, traumatisée, attend des mesures concrètes pour leur sécurité. L’organisation déplore l’indifférence des autorités, laissant les victimes sans espoir face à cette escalade de violence.
Enfin, le RNDDH a exhorté le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) à cesser de financer les services de renseignement et à rediriger ces fonds pour renforcer les forces de l’ordre. L’objectif est d’intensifier la lutte contre les gangs armés et de rétablir l’ordre dans le pays, où des milliers de familles sont plongées dans la misère et l’insécurité.