Les révélations explosives autour de Magalie Habitant, entendue par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), lèvent un voile inquiétant sur l’ampleur de la collusion entre figures publiques, gangs armés et… un mystérieux homme d’affaires protégé par un silence complice.
Car si les aveux de Magalie Habitant révèlent un réseau tentaculaire de trafics d’armes, de marchandises volées, de véhicules et de transferts d’argent illicites, le plus troublant reste ce nom manquant : celui de l’homme d’affaires qui, selon la DCPJ, utilise Magalie comme intermédiaire dans des affaires de détournements de camions. Un individu si puissant ou si bien connecté que même la DCPJ, pourtant prompte à dresser un portrait accablant de l’ex-directrice du SMCRS, choisit de taire son identité.
Ce mutisme en dit long sur une justice à deux vitesses, où certains tombent lourdement tandis que d’autres restent dans l’ombre, à l’abri des projecteurs et des poursuites. Comment expliquer que cet homme d’affaires, capable d’offrir un véhicule blindé niveau 6 à un chef de gang comme Jeff Gwo Lwa, ne soit pas au cœur de l’enquête ? Pourquoi protéger un maillon aussi central dans cette chaîne criminelle ?
Ce traitement sélectif de l’information jette une ombre sur l’impartialité de la DCPJ. En ciblant des figures publiques déjà controversées tout en ménageant des acteurs économiques aux poches profondes, la DCPJ montre, une fois de plus, que la lutte contre l’insécurité est souvent teintée de considérations politiques et financières.
La justice ne saurait être crédible si elle ne s’applique pas à tous avec la même rigueur. Tant que les liens entre le monde des affaires et le banditisme seront ignorés ou dissimulés, la crise sécuritaire haïtienne ne fera que s’aggraver. Il est temps que la DCPJ cesse de faire preuve de partisanerie et rende des comptes à la nation. Car la vraie menace, aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les gangs armés dans les quartiers : c’est aussi le silence complice dans les bureaux climatisés.