Depuis les 3 dernières années, l’émigration est devenue la voie salvatrice pour de nombreux haïtiens, en raison de l’insécurité croissante tant dans l’air métropolitaine que dans les villes de province, ajouté à cela, la misère, l’instabilité politique, la pauvreté extrême, etc. La République Dominicaine est le chemin le plus facile à emprunter pour fuir le chaos haïtien, le plus souvent de manière irrégulière. Alors que la relation haitiano-dominicaine est un peu tendue depuis la reprise de la construction du canal d’irrigation à Ouanaminthe, dans le Nord’Est du pays en juillet 2023, mais plus encore, à la dégénérescence des actes de violences dans plusieurs zones du pays. Ce qui n’est pas sans conséquence, car ça occasionne, malgré tout, l’expulsion massive de nos compatriotes, par les autorités dominicaines, ce qui a un impact dramatique sur la vie de ces derniers, en particulier celle des enfants. Fort de ce constat, la Fondation « Zanmi Timoun », organisation œuvrant dans la défense et la protection de l’enfance, dénonce le laxisme des autorités concernées face à la condition de déportation des enfants non accompagnés (ENA) à la frontière de Belladère, dans le département du Centre d’Haïti.
Les gouvernements haïtien et dominicain ont conclu en décembre 1999, une entente en 8 points dénommée : Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriement, fixant les conditions de rapatriement d’Haïtiens, dont la mise en œuvre est accompagnée, depuis 10 ans, de violations des droits de la personne. Le non-respect de plusieurs points de ce protocole d’accord est mainte fois constaté, par exemple le point A, qui interdit les rapatriements nocturnes, est souvent violé. Le point B, relatif à la non-séparation des familles, n’est pas non plus respecté, avec des parents séparés de leurs enfants mineurs lors des rappariements massifs par les autorités dominicaines.
En effet, rien que pour les quatre premiers mois de 2024, plus de 200 enfants (filles et garçons) non accompagnés ont été déportés au point frontalier Belladère/Elias Pinas par la migration dominicaine, selon les rapports des agents de la Fondation « Zanmi Timoun » présents sur la frontière. Ces enfants endurent des conditions infernales depuis leur interception par les autorités migratoires dominicaines jusqu’à leur déportation en Haïti, subissant les mêmes traitements que les adultes, notamment des violences physiques. Les femmes et les filles sont sujettes d’harcèlements ou/et de viols. Il faut noter que les acteurs.trices sont très limités dans la réponse qu’il faut donner face à cette situation déplorable, vu la situation sécuritaire du pays.
Préoccupée par cette situation, la Fondation « Zanmi Timoun » » en appelle aux instances concernées de faire leur devoir et de tourner leur regard vers ces enfants déportés sans leurs parents. Les droits de ces enfants sont bafoués, contrairement aux dispositions de la convention internationale relative aux droits de l’Enfant ratifiée par les États dominicain et haïtien. Les autorités concernées doivent prendre des mesures afin de protéger les intérêts des enfants migrants vulnérables.