Le conseil présidentiel, une vraie arène pour les politiciens traditionnels

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Depuis la mort du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti est plongée dans une crise politique sans précédent. Le vide qu’a laissé l’élu du PHTK a mis le pays dans un chaos total. Claude Joseph qui était un premier démissionnaire a plié bagages pour céder la place au docteur Ariel Henry désigné comme premier ministre par le défunt. Après avoir passé plus de 30 mois à fonctionner dans l’ombre de sa mission, le docteur Henry a été forcé de quitter la tête du pays. Suite à l’annonce de sa démission, sous la supervision de la CARICOM, un conseil présidentiel a été formé après un consensus trouvé entre plusieurs acteurs politiques en vue de résoudre la crise. Il semble que les jeux d’intérêts vont éclipser cet objectif aux détriments des priorités de la nation.

Formé le 12 avril 2024 soit un mois après la démission du premier ministre Ariel Henry, le conseil présidentiel composé de neuf membres dont deux sont des observateurs, est chargé d’une grande mission, celle de rétablir l’ordre et la paix dans le pays qui est en proie à la violence des gangs armés qui sèment la terreur dans la capitale haïtienne.

Après la prestation de serment des membres du CP, d’abord au palais national puis à la villa d’accueil, ils devraient se mettre au travail en vue de trouver une issue à la crise à laquelle fait face le pays. C’est à ce moment que surgit la lutte pour la présidence du conseil. Il est vrai que la bonne marche de toute institution est dépendante d’un bon leadership, mais cela ne devrait en aucun cas créer une nouvelle crise. Après plusieurs discussions et stratagèmes, finalement, c’est Edgard Leblanc Fils qui est choisi pour présider le conseil.

Le conseil a maintenant un président pour mieux dire un coordonnateur, quelqu’un qui dirige la troupe. La minorité composée de Leslie Voltaire, Laurent Saint Cyr et de Fritz Alphonse Jean, a accepté la désignation du président, mais s’oppose au choix du premier ministre. Cependant, cela ne devrait pas se passer de cette manière par ce que le conseil n’a été formé pour satisfaire les aspirations personnelles des acteurs politiques, mais pour le bien-être de toute la population haïtienne.

Oubliant les objectifs du CP, à savoir le rétablissement de l’ordre et la paix publique, l’organisation des élections et le renforcement de l’économie, les membres sont lancés dans un combat à tout prix pour défendre leurs intérêts personnels. Le parti Fanmi Lavalas a même menacé de le quitter. Où sont passées les priorités de la nation ?

Il est clair qu’Haïti n’est pas au premier plan dans la tête des membres du collège présidentiel. Ce qui les intéresse, c’est leur position sur l’échiquier politique. Ils se disputent pour leur propre intérêt et non pour ceux du pays qui se trouve dans une situation lamentable. La violence des gangs, le chômage, l’inflation sont entre les fléaux qui rongent la nation. La résolution de la crise devrait être leur principale préoccupation.

Depuis son indépendance Haïti n’a jamais connu de paix durable. Elle a connu de graves crises politiques et sociales. Les coups d’État se sont succédé. Le pays a connu plusieurs transitions d’entre 1804 et 2024. La lutte pour le pouvoir ne date pas d’hier en Haïti. Cela a conduit le pays dans la tourmente. Toutes ces crises ne font que bloquer le développement de la nation.

En se basant sur l’histoire de la politique haïtienne, les échecs répétés de l’élite politique et la mauvaise des politiciens traditionnels rien ne permet d’espérer un résultat satisfaisant de ce conseil présidentiel.

Alors que le pays est plus que jamais dans le chaos, les membres du Conseil font des manœuvres dilatoires. Tout fait croire que l’accord qui formé le CP est une entente circonstancielle. C’est comme l’union des noirs et des mulâtres qui a conduit à l’indépendance d’Haïti. Une fois indépendante le pays est sombré dans une lutte des classes qui a conduit à mort de Jean-Jacques Dessalines, le père de la nation. C’est le même scénario après la formation et l’installation du CP c’est la lutte des intérêts qui prime.

La division qui règne au sein du conseil présidentiel de transition pour la désignation d’un président en chef et le choix d’un premier ministre sème des doutes quant à la réussite du conseil. Trouver un accord en vue de résoudre la crise que connaît le pays est une bonne chose pour Haïti, mais la lutte pour les intérêts personnels empêche les membres du CP de prendre la bonne voie, la voie qui mène à la résolution de la crise.

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