Chaque 25 décembre les chrétiens du monde entier et ceux d’Haïti célèbrent la Noël, une fête pour eux qui est d’une importance incommensurable. En Haïti, deux réalités marquent l’inconscient collectif du peuple. Celle du christianisme et celle du vodou, qui est perçue comme étant la culture populaire haïtienne, encore plus vaste qu’une religion.
En fin d’année, alors que les chrétiens célèbrent la Noël, vodouïsants pratiquants ou non célèbrent la Makaya. Un moment pour les grands-parents, les parents, les jeunes et adultes cherchent une voie pour non seulement remercier les loas, mais il s’agit de se préparer pour la nouvelle année. En cette période, ils profitent des bénédictions de la nature à travers les feuilles pour prendre leurs bains, garder et/ou encore renouveler leur engagement envers des esprits ancestraux pour leurs aides.
Makaya : Un nom qui veut dire beaucoup.
La saison allant du 21 décembre au 6 janvier de l’année suivante correspond à la Makaya, une tradition de la civilisation Bantoue (Kikongo, le Congo de nos jours). Dans cette civilisation africaine, Kikongo, makaya signifie << feuilles >>. C’est la fête de purification des feuilles.
Dans les contrées paysannes, surtout, les familles frottent des feuilles pour leurs bains. Ces derniers avec effets purificateurs servent à expier des énergies négatives et attirer sur soi et dans leur environnement des énergies positives.
Selon la littérature traditionnelle du vodou, Makaya aurait été un jeune esclave bossal d’origine Bantou, qui serait parvenu sur la terre d’Ayiti. Il était le fils spirituel du grand médecin esclave Mackandal. Celui-ci aurait transmis son savoir sur les connaissances de la mère nature, les feuilles, les cours d’eau et savoir dompter les bêtes, avant que Mackandal fut brûlé vif le 20 janvier 1758. Ces connaissances qui lui serviraient lors de la répression contre la résistance française dans le sud de Saint-Domingue. (Haïti, après 1804).
De nos jours, parler de la Makaya dans le vodou haïtien, c’est parler non seulement d’une période de l’année, mais c’est aussi d’un rite du Panthéon vodou, parmi les 21 qui existent. Un rite qui aurait des esprits guérisseurs et vengeurs en son rang tels : Simbi Makaya, Gran Bwa IIe, Ogou, Dantor pour ne citer que ceux-là.
Makaya, une fête, une histoire, toute une tradition entourant les mystères du vodou haïtien. Joyeux Makaya a tous les vodouvis d’Haïti.
Wilderson THEODATE
theorickoh@gmail.com