Le numéro 1 du parti politique Les Engagés pour le Développement (EDE), Claude Joseph, a félicité et salué du coup la récente prise de position de la Présidente du Haut Conseil de Transition, Mirlande Manigat, sur la fin de la transition menée par Ariel le 7 février 2024 en raison du fait qu’aucune disposition n’a été prise pour réaliser des élections au cours de cette pour élire un nouveau président. L’ancien chancelier haïtien, par le biais d’une lettre ouverte adressée à Mme Manigat, l’a remerciée quoiqu’étant membre de ce pouvoir elle accepte de prendre en main son courage pour clamer haut et fort le manque de volonté de l’équipe gouvernementale à mettre en place les conditions nécessaires pour la tenue des compétitions électorales partout sur le territoire national.
Nous vous invitons à lire en toute intégralité la lettre de Claude Joseph à destination de Mirlande Manigat publiée par la Rédaction de NAM-HAITI:
Madame la Présidente du Haut Conseil de la Transition,
En ma qualité de Président du Conseil Stratégique du Parti politique Les Engagés pour le Développement (EDE), je vous présente mes compliments et ai l’honneur de vous adresser mes félicitations patriotiques pour avoir eu le courage d’admettre publiquement, à l’occasion de votre interview diffusée le 1er novembre 2023 sur les ondes de Radio Kiskeya, la fin, en date du 7 février 2024, de la période de transition dirigée par Monsieur Ariel Henry.
Cette prise de position correspond à une interprétation sincère et indiscutable de l’article 20 du « Consensus National Pour Une Transition Inclusive et des Élections Transparentes » du 21 décembre 2022, qui dispose que les signataires du Consensus conviennent que la période de la transition englobera les nouvelles élections générales qui se tiendront en 2023 et l’entrée en fonction d’un Gouvernement nouvellement élu le 7 février 2024.
Cette déclaration traduit votre attachement au respect des dispositions dudit Accord, décrit votre fidélité aux grands principes politico-juridiques et vous honore en tant que Responsable Politique et Sommité en droit constitutionnel.
Je m’en voudrais de ne pas souligner la justesse de vos propos quand vous avez déclaré que les retards considérables ont été enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord du 21 décembre 2022 en que rien n’a été fait pour respecter les dispositions de ce document juridico-politique en vue d’honorer l’échéance obligatoire du 7 février 2024 qui était, comme vous l’avez bien souligné, un délai raisonnable.
Vous voudrez bien noter que ces retards sont là conséquence de l’inaction totale de Ariel Henry par rapport aux exigences de l’Accord du 21 décembre 2022 et de son indifférence flagrante face à la détresse haïtienne. Ils sont également le résultat du choix du Premier Ministre de facto de n’avoir jamais créé les conditions politiques et de sécurité nécessaires à l’organisation des élections ni en 2022 ni en 2023.
Ayant dépouillé ledit Accord de sa substance et de son autorité avant même l’échéance fatidique du 7 février 2024, ces atermoiements participent aussi des calculs machiavéliques de Ariel Henry pour étendre le plus longtemps possible la durée de son inique pouvoir de transition dont le bilan constitue une catastrophe innombrable, un recul historique pour la nation haïtienne et un fardeau pour les générations présentes et à venir.
Madame la Présidente,
Je me félicite également de ce que vous avez dénoncé publiquement l’irrespect total par Ariel Henry des attributions du Haut Conseil de la Transition (HCT) et de ce que vous avez fait état de votre déception par rapport aux artifices minables du Premier Ministre de facto pour dépouiller celui-ci de son autorité et de sa dignité, dans le dessein politicien de le réduire à sa plus simple expression. Vous ne manquerez pas de voir en ces manœuvres une violation continue et flagrante de l’Accord du 21 décembre 2022.
Je me permets de rappeler à votre attention que, selon les dispositions dudit Accord, le HCT doit s’occuper des chantiers portant sur la sécurité, la réforme politique, constitutionnelle et électorale, la bonne gouvernance et les mesures économiques et sociales.
Les attributions du HCT consistent notamment à contribuer à la définition des orientations stratégiques des pouvoirs publics, favoriser le dialogue national, s’assurer de la crédibilité et de l’intégrité du processus électoral en participant au choix des conseillers électoraux, choisir le comité d’experts sur la révision constitutionnelle, contribuer à la définition de la feuille de route, de la transition et de participer aux remaniements ministériels et aux changements dans les hautes directions de l’Administration publique ainsi que dans les organismes autonomes.
Or, à ma connaissance, le HCT n’a pas participé aux importantes nominations que le Gouvernement de facto a récemment effectuées à la Banque de la République d’Haïti, à l’Office National d’Assurance-Vieillesse et à l’Autorité Aéroportuaire Nationale. De plus, le HCT n’a été associé à aucune démarche visant le remaniement du gouvernement. Le HCT n’est non plus impliqué dans aucune initiative qui concernerait la mise en branle du processus électoral. Ce ne sont là que des illustrations du non-respect manifeste des attributions du HCT, ce qui met également en lumière la volonté de Ariel Henry de le marginaliser.
Vous voudrez bien noter que la velléité du Premier Ministre de facto de piétiner l’Accord du 21 décembre 2022 et d’escamoter le HCT l’a conduit à loger, dans des conditions matérielles peu acceptables, l’institution dont vous assurez la présidence au 5ème étage d’un immeuble ministériel, l’objectif étant de diminuer le prestige du HCT, de lui priver des moyens pour remplir ses prérogatives et de le réduire en une entité inutile dans un pouvoir exécutif défaillant.
Madame la Présidente,
Face à l’arrivée prochaine de cette échéance juridico-politique et devant le fait qu’aucun Gouvernement élu ne rentrera en fonction le 7 février 2024, je vous invite, dans cette conjoncture nationale émaillée d’incertitude, à continuer à faire montre du sens de l’histoire et à vous mettre du côté du droit et des principes. En votre qualité de Présidente d’une institution étatique dont l’espérance de vie dépasse certainement celle du gouvernement de facto de Ariel Henry, vous êtes investie de la responsabilité morale, politique et historique de garder la ligne que vous avez tracée lors de cette déclaration sur les ondes de Radio Kiskeya, de ne cautionner aucune initiative politicienne ayant pour but d’aider Ariel Henry à se perpétuer illégalement et illégitimement au pouvoir, mais d’accompagner toute dynamique patriotique visant à combler le vacuum politique qui aura lieu à partir du 7 février 2024.
Comptant sur votre attachement aux intérieurs supérieurs de notre patrie commune et votre aspiration à laisser à la postérité un héritage politique à la hauteur du prestige que la nation toute entière vous porte, je vous prie d’agréer, Madame la Présidente du Haut Conseil de la Transition, les assurances de ma haute considération.
Fin.-