Selon la constitution du 29 mars 1987 amendée le 9 mai 2011, en son article 22 stipule : « l’Etat reconnaît le droit de tout citoyen à un logement décent, à l’éducation, à l’alimentation et à la sécurité sociale». En lisant cet article de la loi mère du pays, je me suis mis à réfléchir sur le phénomène de l’insécurité en Haïti comme étant un problème de premier rang à résoudre. Et je me suis dit : «quand on est face à un problème, on se met au travail pour y trouver des solutions. Par opposition, quand on a des intérêts dans une affaire, on la laisse comme elle est. »
La question de l’insécurité ne date pas d’aujourd’hui sur la terre de DESSALINES qui a lui-même été assassiné le 17 octobre 1806, moins de trois ans après la proclamation de l’indépendance de la première république noire (le 1er janvier 1804). Plusieurs siècles plus tard, on a assisté à l’assassinat du président Jovenel Moise (dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021). Cet événement peut être considéré comme un état pérenne de l’insécurité en Haïti.
L ‘insécurité est en sécurité en Haïti, car elle s’exprime sous toutes les formes
Insécurité sociale – Insécurité alimentaire – Insécurité routière – Insécurité éducative – Insécurité économique – Insécurité sanitaire etc. Dans la foulée celle qui nous dérange de plus en plus c’est le cas des gangs armés. Ces derniers tuent, kidnappent, rançonnent, volent et violent. Ils délogent des paisibles citoyens de leurs domiciles et contribuent à faire fuir d’Haïti, des professionnels, des simples citoyens, des investisseurs et donnent aux touristes un regard défavorable sur Haïti qui était autrefois la perle des Antilles. Si dans le temps c’était les habitants de Matissant, de Bélair, de Cité Soleil, de La Saline etc. qui étaient obligés de laisser leurs maisons sous les feux criminels des gangs armés, aujourd’hui on est tous envahis. Et le pire c’est que chaque zone attend son tour.
Le 12 Juillet 2021 cinq jours après l’assassinat du feu Jovenel Moise, l’économiste Thomas Lalime a écrit un article titré: « L’insécurité en Haïti de François Duvalier à Jovenel Moise ». L’article de l’économiste a prouvé que ‘’l’insécurité est en sécurité’’ chez nous.
En 2004 après le départ forcé du président Jean Bertrand Aristide, c’était à Delmas 2, à Cité Soleil que l’on ne pouvait pas circuler librement sans inquiétude, mais de jours, même chez soi, on est inquiet.
Comme c’est le cas de Pierre Buteau, ancien ministre de l’éducation nationale, qui a été enlevé chez lui à Thomassin 32, le 24 Janvier 2023.
Suivant un rapport de l’ONU présenté au conseil de sécurité le 24 janvier 2023, on peut sans ambages dire que l’insécurité ne fait qu’augmenter dans le pays. Entre 2021 et 2022 les homicides connaissent une augmentation de 35% et le kidnapping, 82%, selon le rapport.
L’insécurité est bien sécurisée!
Le 12 mars 2021 on a assisté à la mort de 6 policiers au village de Dieu. Moins de 2 ans après, soit le 18 janvier 2023, trois (3) policiers sont assassinés à Savien, commune de Petite rivière de l’Artibonite et le 25 janvier 2023, 6 policiers sont tués à Métivier commune de Pétion-ville. Seulement pour le début de l’année 2023 l’institution policière a perdu 18 de ses agents.
Pourquoi rien n’est fait pour éradiquer ce fléau ?
Où sont passé les autorités dans tout ça? D’où viennent les armes et les munitions ? Pourquoi le problème est si criant et rien de concret n’est fait ? À quand remonte une décision étatique contre les gangs et leurs commanditaires en Haïti ? Entre autres, ce sont des questions qui se posent et qui laissent comprendre que l’insécurité est belle et bien sécurisée en Haïti.
L’insécurité semble être ‘’un mal important’’ dans le fonctionnement du pays et dans la façon dont les hommes politiques conçoivent la politique dans le pays qui a vaincu l’armée Napoléonienne.
Une réflexion de Emilus Jérome
Théologien / Technicien en finances locales
Spécialiste en gouvernance des Collectivités territoriales.