Naomi Osaka, la célèbre joueuse de tennis japonaise d’origine haïtienne, a suscité une vive réaction sur les réseaux sociaux après les récentes déclarations du député européen français Raphaël Glucksmann. Ce dernier a exprimé son souhait que les États-Unis rendent à la France la Statue de la Liberté, en réponse aux politiques menées par Washington ces dernières années, qu’il juge incompatibles avec les idéaux qu’incarne ce monument.
Dans un tweet publié sur la plateforme X, Naomi Osaka a pris la parole de manière provocatrice et ironique : « Puisque nous essayons de reprendre possession des choses, Haïti peut-elle récupérer son argent ? » Cette déclaration fait référence à l’histoire complexe et douloureuse entre Haïti et la France. En effet, après avoir obtenu son indépendance en 1804 sur le champ de bataille, Haïti a été contrainte, sous pression de la France, de verser une lourde indemnité de 150 millions de francs-or pour « compenser » les propriétaires d’esclaves français. Ce montant a été ajusté au fil des ans, mais il est aujourd’hui largement considéré comme une injustice historique ayant gravement impacté le développement économique de la première République noire indépendante du monde.
La remarque d’Osaka sur le retour de « l’argent » fait écho aux appels croissants à la reconnaissance de ce préjudice historique et à la réparation des torts infligés à Haïti par les puissances coloniales. L’indemnité, qui a été réglée sur plusieurs décennies, a plongé le pays dans une situation économique difficile, tout en enrichissant la France.
L’attaque de Naomi Osaka semble avoir pour but de souligner l’ironie d’une demande de restitution d’un symbole de liberté, tout en ignorant les préjudices économiques et sociaux infligés à Haïti, une nation ayant déjà payé un prix considérable pour son indépendance.
Le tweet d’Osaka a rapidement suscité des réactions partagées, entre ceux qui saluent sa prise de position audacieuse et ceux qui considèrent que l’analogie entre la demande de restitution de la Statue de la Liberté et la question haïtienne est malvenue. Toutefois, pour beaucoup, l’intervention de la star du tennis met en lumière une question de justice historique qui reste en suspens depuis plus de deux siècles.
Dans un contexte où les débats sur les réparations historiques pour les descendants d’esclaves et les anciennes colonies s’intensifient, Naomi Osaka a permis d’ouvrir une nouvelle dimension à la conversation. Les discussions sur les réparations, qu’elles soient symboliques, financières ou diplomatiques, continueront de nourrir les débats internationaux, et l’appel de Glucksmann sur la Statue de la Liberté, loin d’être isolé, pourrait ouvrir la voie à des revendications plus larges.
Ainsi, la déclaration d’Osaka rappelle que les symboles de liberté et de justice doivent être accompagnés d’un engagement réel envers la réparation des injustices du passé.
