En Haïti, les enfants figurent parmi les victimes les plus vulnérables et silencieuses de la crise multidimensionnelle qui s’aggrave chaque jour. La violence des gangs, l’instabilité politique, la pauvreté extrême et l’effondrement des services publics créent un environnement hostile où les droits fondamentaux des enfants sont quotidiennement bafoués.
Il n’est un secret pour personne qu’en temps normal, l’État haïtien ne se souciait pas vraiment des droits des enfants. Aujourd’hui, la situation devient encore plus catastrophique pour cette catégorie du corps social déjà fragile. Les groupes armés exploitent la vulnérabilité des enfants, surtout ceux des rues, en les enrôlant de force dans leurs rangs. Selon un rapport de « Human Rights Watch » publié en octobre 2024, au moins 30 % des membres de ces groupes criminels seraient des enfants. De nombreux témoignages de personnes kidnappées ou attaquées par des gangsters armés décrivent souvent leurs agresseurs comme des mineurs. Ces enfants sont exposés à des dangers extrêmes et sont fréquemment impliqués dans des activités illégales, attirés par des promesses de nourriture et d’argent. Les jeunes filles, en particulier, sont victimes de violences sexuelles, ajoutant une couche supplémentaire à leur souffrance.
La violence incessante a conduit au déplacement d’environ un million de personnes, dont un pourcentage élevé d’enfants. Ces derniers vivent dans des conditions précaires, sans accès adéquat à l’eau potable, à la nourriture ou aux services de santé. L’insécurité alimentaire atteint des niveaux alarmants, exacerbant la malnutrition chez les plus jeunes. La crise actuelle a également conduit à la fermeture de nombreuses écoles, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. Cette interruption de la scolarité non seulement compromet leur avenir, mais pourrait également servir de brèche pour les gangs dans leur recrutement et dans d’autres formes d’exploitation.
Les enfants haïtiens sont les témoins silencieux d’une crise qui les dépasse. Face à cette situation désastreuse, on se demande quel avenir aura le pays dans les 50 prochaines années. Sur qui reposera la reconstruction de cette société haïtienne qui, jusqu’à présent, sanglote sous les décombres de la corruption, de la mauvaise gouvernance et de la pauvreté ?
Sans une intervention immédiate et coordonnée, il est clair qu’une génération entière risque de grandir dans la peur, la violence et la privation. Il est de notre devoir collectif de leur redonner une voix et de leur assurer un avenir digne et sécurisé.
