Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, a été classée comme la ville la plus violente au monde en 2024, selon un rapport publié le mercredi 19 février 2025 par le « Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice pénale », un observatoire basé à Mexico. Ce classement alarmant marque une évolution dramatique pour la ville, qui, en 2023, occupait déjà la troisième place de ce sombre podium. Cette année, le taux de 139,3 homicides pour 100 000 habitants a propulsé Port-au-Prince en tête des villes les plus dangereuses du globe, un indicateur glaçant de la détérioration rapide de la sécurité dans cette capitale.
La situation à Port-au-Prince s’est en effet aggravée de manière spectaculaire ces derniers mois. Une grande partie de la ville, environ 85 %, est désormais sous le contrôle de gangs criminels, rendant la vie quotidienne particulièrement difficile pour les habitants. Les bandes armées, qui étaient autrefois fragmentées, ont récemment formé une coalition unifiée baptisée « Viv Ansanm » (« Vivre Ensemble »), ce qui leur a permis d’exercer une domination plus ferme et plus coordonnée sur la capitale. Cette alliance a transformé la ville en un véritable territoire de guerre, où les habitants se retrouvent pris en étau entre la violence des gangs et l’absence d’une réponse efficace de l’État.
Le contrôle des gangs s’étend sur des quartiers entiers, limitant la liberté de mouvement des habitants et paralysant les activités économiques et sociales. Les habitants de la ville sont fréquemment confrontés à des fusillades, des kidnappings, des extorsions et des viols, et beaucoup se retrouvent dans l’incapacité d’aller travailler, d’envoyer leurs enfants à l’école ou de simplement se déplacer en toute sécurité. L’insécurité règne également dans les transports en commun, où des passagers sont régulièrement victimes de violences ou de vols.
L’État haïtien, déjà affaibli par des années de crises politiques et économiques, peine à réagir face à l’ampleur de la violence. Les forces de sécurité sont mal équipées et sous-entrainées, ce qui rend leur capacité à reprendre le contrôle des quartiers dominés par les gangs presque inexistante. De plus, la corruption au sein des institutions étatiques empêche souvent une réponse coordonnée et efficace.
La situation à Port-au-Prince s’inscrit dans un contexte global de montée de la violence urbaine, mais elle est particulièrement désastreuse en raison de l’ampleur de l’influence des gangs. Ce phénomène s’explique en partie par des années de pauvreté extrême, de gouvernance défaillante et de justice fragile qui ont contribué à l’explosion de la violence dans la capitale haïtienne.
Un futur incertain pour Port-au-Prince
Face à cette situation, le futur de Port-au-Prince semble plus incertain que jamais. Les espoirs de rétablir la paix sont minces, tant que l’État n’est pas en mesure de reprendre le contrôle des zones touchées par les gangs. La communauté internationale, notamment les Nations Unies, appelle régulièrement à une intervention pour stabiliser la situation, mais les solutions restent floues et difficiles à mettre en œuvre.
En attendant, la population de Port-au-Prince continue de vivre dans la peur, avec des conditions de vie de plus en plus difficiles. Le nombre de réfugiés internes, fuyant les quartiers les plus violents, augmente chaque jour. Les Haïtiens espèrent que des mesures de sécurité, mais aussi des réformes profondes dans les domaines politiques, économiques et sociaux, pourront un jour ramener la paix et la stabilité dans leur pays.
Le rapport du « Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice pénale » offre donc un instantané sombre de la réalité actuelle de Port-au-Prince, soulignant l’urgence d’agir pour restaurer la sécurité et la justice dans cette ville meurtrie. La communauté internationale et les autorités haïtiennes devront faire preuve de solidarité et de détermination pour mettre fin à ce cycle de violence et offrir un avenir plus sûr à la population de Port-au-Prince.