Le Regroupement des Organisations Sociopolitiques de l’Opposition (ROSPO) a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme l’inaction du Conseil présidentiel et du gouvernement dirigé par Alix Didier Fils-Aimé face à l’escalade de la violence des gangs dans le pays. Dans un communiqué publié ce week-end, le ROSPO a dénoncé la brutalité croissante des actes criminels et la défaillance apparente des autorités à protéger la population.
L’assassinat particulièrement choquant d’un bébé, arraché des bras de sa mère avant d’être brûlé vif, est l’un des événements tragiques qui a poussé l’organisation à réagir. Le ROSPO a également cité les actes de terreur perpétrés contre les habitants de Kenscoff et la mort d’un étudiant dans une salle de cours, soulignant que ces événements illustrent l’absence de volonté des autorités à prendre des mesures fermes pour neutraliser les gangs qui terrorisent les quartiers.
« Le gouvernement semble plus préoccupé par l’organisation de festivités coûteuses, comme le carnaval, que par la sécurité de la population. La vie des citoyens est devenue une marchandise dans un contexte où l’État ne fait rien pour stopper l’emprise des groupes armés sur les zones urbaines », a déclaré Woodson Célestin, secrétaire général du ROSPO.
En réaction à cette situation de violence et à l’annonce du Carnaval national dont le coût dépasserait les 3 millions de dollars, le ROSPO a décidé de prendre une position de protestation. Avec l’organisation « AKÒ Lari », un mouvement de solidarité, ils ont annoncé l’organisation d’un « Carnaval des déplacés ». Cette manifestation sera un moyen pour les personnes déplacées par la violence des gangs, notamment celles venant des zones de Solino, Carrefour-Feuilles, Delmas 24 et d’autres quartiers frappés par l’insécurité, de faire entendre leur voix.
Le Carnaval des déplacés se déroulera du 2 au 4 mars, avec un parcours allant de Lalue à la Villa d’Accueil. Ce sera l’occasion pour les déplacés et les citoyens solidaires de dénoncer la situation alarmante qu’ils vivent au quotidien et de rappeler au gouvernement ses responsabilités envers la population.
Le ROSPO a fait savoir que cette initiative vise à mettre en lumière les inégalités et le manque d’attention portée aux citoyens les plus vulnérables, tout en exerçant une pression sur les autorités pour qu’elles prennent des mesures immédiates et efficaces contre la violence des gangs.
Alors que la situation se détériore dans plusieurs quartiers de la capitale et au-delà, cette mobilisation pourrait bien marquer un tournant dans la façon dont les autorités seront jugées par la population. Le ROSPO et AKÒ Lari appellent à une large participation des citoyens, dans l’espoir de redonner une voix aux plus démunis, qui se sentent abandonnés par l’État face à l’escalade de la violence.