Dans une note récemment publiée, la Chambre de Commerce et d’Industrie Haïtiano-Canadienne a exprimé sa vive préoccupation face à la décision du gouvernement haïtien de débloquer d’importantes sommes d’argent pour l’organisation du carnaval de cette année, alors même que le pays traverse une crise multidimensionnelle sans précédent. Cette critique a été formulée par plusieurs membres de l’organisation, dont Delphine Gardere, qui accuse l’État de détourner l’attention des véritables problèmes urgents qui affectent la population haïtienne.
Gardere et ses collègues dénoncent le fait que le gouvernement semble privilégier des événements festifs et des projets coûteux, tels que l’organisation du carnaval, la construction de l’aéroport de Jacmel, et des voyages officiels qu’ils jugent inutiles. « Alors que le pays est en proie à une insécurité généralisée, que des millions de Haïtiens souffrent de la faim et que nos infrastructures routières et hospitalières sont inexistantes, il est inacceptable de dépenser des fonds publics dans de tels projets », a déclaré Delphine Gardere.
L’organisation met également en lumière les graves lacunes dans les politiques publiques, notamment la gestion de la crise alimentaire qui touche une grande partie de la population, et les déficits dans les domaines essentiels tels que la santé, l’éducation et la sécurité. La note insiste sur le fait que des sommes considérables, telles que celles allouées au financement du carnaval, pourraient être mieux utilisées pour renforcer la Police Nationale d’Haïti (PNH) et soutenir la lutte contre le banditisme et les violences qui déstabilisent le pays.
« Le gouvernement ne semble pas se préoccuper des priorités urgentes de la population », affirme Gardere. « Au lieu de faire face à l’insécurité qui ravage nos quartiers, de renforcer les hôpitaux pour soigner les blessés ou d’assurer une aide alimentaire d’urgence, des millions de dollars sont gaspillés pour des festivités qui, dans le contexte actuel, semblent déconnectées des réalités vécues par les Haïtiens. »
La position de la Chambre de Commerce et d’Industrie Haïtiano-Canadienne rejoint celle de nombreux autres acteurs de la société civile, qui appellent à une réallocation des fonds publics vers des secteurs essentiels tels que la sécurité, la santé et l’éducation. Ils insistent sur la nécessité de revoir les priorités budgétaires du gouvernement et de mettre en place une véritable stratégie de développement qui répond aux besoins immédiats de la population, tout en garantissant la stabilité du pays à long terme.
Face à la montée de l’insécurité et à l’aggravation de la situation humanitaire, les critiques de la gestion des fonds publics par l’État risquent de se multiplier. Il reste à voir si ces appels à la responsabilité et à une meilleure allocation des ressources seront entendus par les autorités haïtiennes.