Dans un contexte socio-politique extrêmement difficile lié à la cause de l’insécurité doublée du déplacement de millions de déplacés, Haïti a quand même commémoré en date du dimanche 1er décembre 2024 la Journée mondiale du sida sous le thème : » Suivons le chemin des droits – notre santé, nos droits « . Un combat pour la santé en pleine crise. Alors que le pays lutte contre une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, cette journée met en lumière les défis accrus auxquels les personnes vivant avec le VIH sont confrontées.
Si des avancées significatives ont été constatées dans la lutte contre le VIH, la situation actuelle menace de mettre en péril ces progrès. En Haïti, la crise sécuritaire empêche l’accès aux soins essentiels. Des milliers de patients séropositifs ne parviennent plus à se rendre dans les centres de santé ou à obtenir leurs traitements antirétroviraux. Cette réalité, occasionnée par l’insécurité et les violences, entraîne des interruptions de soins potentiellement fatales et une hausse des complications liées au sida, une maladie qui était pourtant en déclin.
Le docteur Jean William (Bill) Pape, pionnier dans la lutte contre le VIH en Haïti et directeur des centres Gheskio, a récemment témoigné à l’ONU (le 20 novembre) des succès passés et des défis actuels. Depuis les années 1980, il a joué un rôle crucial dans la prise en charge des premiers cas de sida en Haïti, faisant reculer cette maladie de la première à la septième cause de mortalité dans le pays. Cependant, la crise actuelle a inversé cette dynamique : 70% du personnel de santé des centres Gheskio a démissionné, des hôpitaux ont fermé et les patients, coupés du reste du pays, peinent à recevoir des soins. Malgré tout, des initiatives locales, comme des formations et des plans d’urgence, sont mises en place pour maintenir une assistance minimale aux populations les plus vulnérables, a-t-il déclaré.
Le sida, autrefois symbole de la résilience médicale en Haïti, risque de redevenir une urgence de santé publique majeure si la crise perdure. De nombreux cas de violence sexuelle sont dénoncés chaque jour. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réaffirmé, le premier décembre, l’engagement de son gouvernement à garantir l’accès aux soins, mais les efforts locaux doivent être soutenus par une solidarité internationale accrue pour éviter que des décennies de progrès ne soient anéanties.
Alors que la Journée mondiale du sida 2024 est célébrée, la situation en Haïti rappelle que le droit à la santé est inextricablement lié aux conditions sécuritaires et sociales. Sans intervention rapide, les défis actuels pourraient aggraver une crise déjà dévastatrice pour les personnes vivant avec le VIH.
Les centres Geskhio ont leur siège social au Bicentenaire, zone contrôlée par le chef de gang Izo Village de Dieu.