Si l’on devait donner une définition très classique au concept de détention préventive prolongée, on pourrait la définir ainsi, la détention préventive prolongée est le fait de garder une personne en détention, sans avoir été jugée, au-delà de la durée prescrite par la loi. Aux dires du magistrat instructeur Jean Wilner Morin, ce phénomène est très récurrent en Haïti. Il occasionne la surpopulation carcérale, l’homme de loi avoue que ce problème ne sera jamais résolu lors de son intervention dans une émission radiophonique.
« Tant qu’on a un système comme le nôtre, il y aura toujours de détention préventive prolongée. Elle est un discours. Elle fait partie intégrante d’un programme politique », a expliqué le juge tout en précisant que » la question de détention préventive prolongée fait partie de la politique des ministres de la Justice « , tout ceci pour faire comprendre à l’auditoire que chaque personne nommée à la tête du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) promet d’éradiquer ce fléau qui ronge le système carcéral haïtien mais en réalité, cela n’a jamais été fait. En ce sens, Me Morin a avancé que ce problème ne sera jamais résolu parce qu’il faut que les ministres aient un cheval de bataille.
Outre cela, le magistrat a également avancé d’autres arguments. » Si la détention préventive prolongée est résolue en Haïti, certaines institutions nationales disparaîtront, des organisations internationales n’auront plus rien à faire comme travail, certains projets n’existeront plus « , a-t-il indiqué.
Plus loin, le juge Jean Wilner Morin a fait savoir que la majorité des prisonniers au Pénitencier national et à la Prison civile de la Croix-des-Bouquets n’ont pas de dossier. Ce, en raison de l’attaque perpétrée il y a des années contre le Palais de Justice de Port-au-Prince, mais aussi, à cause de l’attaque qu’avait subie le Tribunal de la Croix-des-Bouquets. Pour cela, croîs le juge qui reste optimiste, le système judiciaire haïtien peut renaître de ses cendres, mais ce n’est pas demain la veille.