À une époque, en Haïti, la tradition des étrennes de Noël ou de fin d’année était profondément enracinée dans la culture. C’était un moment joyeux où les filleuls, les amis et de nombreux enfants étaient encouragés à rendre visite aux notables de la ville, ainsi qu’à leurs marraines ou parrains en provinces. Ces visites n’étaient pas simplement des formalités, mais des occasions spéciales où l’on échangeait des salutations chaleureuses, des souhaits pour la nouvelle année, et où l’on recevait des étrennes en retour.
Les rues résonnaient de rires d’enfants, de chants de Noël et de l’effervescence des rencontres. Les notables, en tant que figures respecter de la communauté, prenaient plaisir à recevoir ces visiteurs et à perpétuer la tradition des étrennes. C’était un acte de générosité et de solidarité, renforçant les liens au sein de la société haïtienne.
Cependant, de nos jours, cette belle tradition semble s’estomper, laissant place à une disparition progressive des étrennes de Noël. Les raisons de ce déclin sont multiples. Tout d’abord, les changements socio-économiques ont altéré la dynamique traditionnelle de la vie communautaire. La modernisation a introduit de nouvelles formes de communication, éloignant parfois les individus de la nécessité des visites en personne.
De plus, les pressions de la vie quotidienne ont créé un rythme effréné, laissant peu de place aux échanges sociaux plus traditionnels. Les gens sont souvent absorbés par leurs obligations professionnelles et familiales, reléguant les coutumes aux oubliettes. La migration vers les zones urbaines, où les relations peuvent être distantes, a également contribué à la désuétude de cette pratique.
Par ailleurs, la montée de la technologie et des réseaux sociaux a créé une nouvelle forme de connectivité, mais paradoxalement, elle peut aussi éloigner les individus du contact humain direct. Les messages virtuels ont remplacé les visites physiques et les étrennes se sont transformées en transactions numériques plutôt qu’en échanges personnels.
Enfin, les disparités économiques croissantes pourraient jouer un rôle majeur. Alors que la tradition des étrennes était autrefois une manière d’atténuer les inégalités sociales, la précarité financière de certaines personnes pourrait rendre difficile, voire impossible, le maintien de cette pratique.
En conclusion, la disparition des étrennes de Noël en Haïti témoigne des profondes mutations sociales et économiques qui touchent la société. Il est essentiel de reconnaître la valeur de ces traditions anciennes et de chercher des moyens de les préserver, car elles contribuent à la richesse culturelle et à la cohésion sociale d’un pays.
Désiré Lucien