Le 18 mai devrait incarner l’unité nationale, un moment de recueillement autour de notre drapeau symbole de lutte, de liberté et d’espérance collective. Pourtant, une fois de plus, cette journée s’annonce comme une mise en scène coûteuse, orchestrée par le Conseil présidentiel de transition (CPT), bien loin des réalités vécues par la majorité des Haïtiens.
Alors que le pays s’enfonce dans une crise généralisée insécurité, pauvreté extrême, famine rampante le gouvernement prévoit de dépenser près de 400 millions de gourdes pour une cérémonie fastueuse au Cap-Haïtien. Pourquoi ce déplacement, sinon pour fuir Arcahaie, berceau historique du drapeau, aujourd’hui livrée à la violence et au chaos ? Ce choix révèle une vérité brutale : même nos symboles les plus sacrés sont sacrifiés sur l’autel de la sécurité des élites.
Le thème retenu cette année, « Yon sèl Drapo, Yon sèl Pèp, Yon sèl Nasyon », sonne terriblement creux. De quelle unité parle-t-on quand le pouvoir fuit la capitale en avion privé pendant que le peuple vit sous la menace constante des gangs, sans accès à l’école, à la santé ou à la nourriture ? Quelle cohésion nationale peut-on invoquer lorsque l’État dépense des fortunes dans le paraître, tandis que l’essentiel s’effondre ?
Depuis sa mise en place, le CPT n’a encore apporté aucune réponse concrète aux deux urgences majeures : la sécurité et l’organisation d’élections crédibles. En lieu et place, il multiplie les déclarations sans suite, les dépenses injustifiables et les démonstrations de distance envers un peuple qu’il prétend représenter.
Haïti mérite mieux. Notre drapeau mérite mieux. Et le peuple haïtien mérite des dirigeants courageux, enracinés dans la réalité, capables d’affronter la crise au lieu de la contourner.